Second couteau

Pour le premier couteau (impromptu) j’étais parti d’un rond de xc48 que j’avais maladroitement martelé au hasard. L’idée n’était même pas de faire un couteau au départ, et ça s’était terminé comme ça.

Pour le deuxième j’ai un plan ! D’abord j’ai une forme pré-déterminée, tirée d’une photo d’un modèle sympa vu sur le Web. Ensuite j’ai commandé du xc75, LA bonne nuance d’acier carbone (0,75%) qui n’est pas trop dur à travailler, se trempe bien, et donc les traitements thermiques sont simples et accessibles sans autre chose qu’un four de cuisine.

Cette fois je vais travailler en enlevage de matière (stock removal), je pars d’un plat de 4mm, je découpe la forme et je réduis en ponçant. Comment ?! Pas de travail de forge ?! Oui, j’avoue que c’est un truc de fainéant, pas un seul coup de marteau, pas besoin d’enclume, juste de quoi chauffer à 850 degrés.

Et de la matière, il faut en enlever… Au plus épais (ricasso / semelle), on doit avoir 3mm, et c’est sans compter l’émouture que cette fois je vais faire remonter sur toute la lame. C’est lonnnnnng…

Cette fois je porte une attention toute particulière au ricasso, et j’arrive à faire quelque chose d’assez propre. Je me suis bricolé un guide qui s’avère très utile pour éviter les catastrophes.

Le métal chauffe rapidement donc on ne peut pas appuyer trop fort sinon on crame tout (les doigts en premier). Il faut refroidir régulièrement la pièce en la trempant dans de l’eau, froide au début mais qui finit elle aussi par chauffer à force 😉 On voit ci-dessous les zones où le métal a bleuit, signe qu’il faut faire attention. Heureusement que ce n’est pas encore trempé car c’est un coup à ruiner la dureté.

Après la ponceuse à bande on passe au ponçage à main. Et c’est reparti pour 320, 600 puis 800, avec des angles différents pour voir où on en est de l’élimination des rayures. Et là je galère un peu pour éliminer une grosse rayure laissée par un coup de lime près du ricasso justement, il me faut des limes moins agressives.

J’essaie d’avoir la lame la plus nickel possible, et franchement c’est pas mal, pas encore parfait mais pas loin. Le fil mesure encore un demi mm, ça me semble bien.

On part sur le classique 3 cycles de normalisation, même si dans ce cas (acier laminé à chaud et non martelé) je ne suis pas sûr que ce soit requis. Dans le doute, je le fais

Et puis c’est la préparation de la trempe à l’huile, préchauffée en y plongeant une barre chauffée, toujours dans le bac plastique. Le machin rouge c’est un aimant de soudeur. Il permet de vérifier si la lame est toujours magnétique, propriété que l’acier perd un peu en dessous de la température de trempe, donc c’est un bon repère.

Je porte à l’orange, et rapidement pchiii flamme rapide, trempe sélective de la lame sans le dos.

Je vérifie, tout est droit, tout est beau, tout est bien noirci (pffff). Un petit traitement à 200 degrés pendant une heure dans le four pour rendre un peu de souplesse, et après le repas la lame est très belle… et couverte d’une couche noire hyper dure, ça valait bien le coup de poncer tout ça à la main.

C’est reparti pour un cycle de ponçage, et une bonne galère à la main pour enlever toute trace près du ricasso justement. Je sais que c’est important d’avoir une belle surface sans rayure avant trempe pour limiter les risques de fissure, mais on a quand même l’impression de faire deux fois le boulot. Non en fait c’est pas qu’une impression 😉

Le stock removal, c’est ça :

On passe aux plaquettes du manche. Cette fois je découpe deux morceaux beaucoup plus fins pour éviter de poncer bêtement, et c’est impeccable. Faux rivets en laiton de 3mm à nouveau, on ne change pas une formule gagnante. J’arrive à donner une forme sympa aux plaquettes, et cette fois je vais les traiter AVANT de les tacher 😀

Collage à l’époxy, puis fini du manche. Ne manque plus qu’à le passer au mélange huile de lin et essence de térébenthine, et affûter le tout. Il est bien beau pour un deuxième essai 😉