Conversion VTT électrique

Après avoir acheté mon Vitus Escarpe VR 27 (un VTT tout suspendu) en 2018, j’ai du me rendre à l’évidence, maintenant ce n’est plus le vélo qui limite la pratique, c’est le bonhomme.

J’avais déjà un peu hésité à prendre un modèle électrique à l’époque, principalement du fait du prix pour avoir quelque chose de correct niveau équipement. Aimant les balades en VTT, et n’ayant pas l’intention de me lancer dans un entraînement intensif, j’ai quand même fini par me dire qu’une petite assistance dans les passages longs et / ou difficiles serait bienvenue.

Sélection

Mon cahier des charge est donc bien spécifique :

  • Je ne cherche pas un vélo électrique à assistance humaine, bref un truc qui roule tout seul, je veux continuer à pédaler
  • Je ne cherche pas un truc pour me propulser à 50 km/h, juste une assistance pour passer les parties difficiles
  • Il faut que ce soit compatible avec mon Escarpe et idéalement le moins intrusif possible
  • Dans le pire des cas il faut que je puisse ramener le vélo sans assistance
  • Il faut que ce soit modulaire, évolutif et réparable.

J’ai donc commencé par opter par un moteur pédalier plutôt que roue, et rapidement me suis orienté vers la marque numéro 1 en adaptable pas trop cher : Bafang. Il restait à vérifier la compatibilité et choisir le modèle. en France la législation limite la puissance à 250 W (sinon ce n’est plus un vélo), et même si mon vélo ne sera pas au sens strict homologué car modifié, je reste dans l’esprit de la loi en choisissant le modèle le moins puissant. Autre avantage, il est un peu moins lourd que les modèles 500, 750 ou 1000 W. On verra si la puissance est suffisante mais le couple a l’air important.

La modification implique de changer tout le pédalier. D’origine je suis en mono plateau (ça facilite les choses) de 32 dents (ça les complique). Le moteur pédalier Bafang BSS01 décale le plateau nettement vers la droite, et il y a alors 2 options :

  • On modifie la cassette (les pignons à l’arrière) en réduisant leur nombre (car ceux de gauche ne passeront plus), solution que je trouve très moche
  • On installe un plateau décalé comme le propose PreciAlps.

J’ai choisi la solution plateau décalé, c’est pas donné (mais au moins c’est du made in France), et la taille minimale (qui nécessite déjà de limer un peu le carter du moteur) est un 40 dents. Heureusement 40 dents ça passe tout juste. Enfin techniquement en extension complète ça nuit légèrement à la peinture du bras :O Je vais vivre avec.

Voici pour bien constater le décalage et le rattrapage d’une ligne de chaîne parfaite avec le plateau décalé. Ok c’est pas parfaitement propre, c’est pour rouler dans les chemins hein !

Par contre qui dit plateau plus grand dit… chaîne plus longue. J’ai donc acheté une chaîne 118 maillons pour remplacer ma 114 d’origine.

L’autre élément important est la batterie. Le BBS01 est un moteur 36 V, et je ne recherchais pas une capacité énorme pour mon utilisation (assistance légère et à faible vitesse), donc entre 10 Ah et 14 Ah. Il existe des batteries qui se fixent sur le downtube (à la place du porte bidon), mais là encore petit problème : mon amortisseur positionné dans le cadre ne me laisse que 8 cm et les batteries sont toutes trop hautes. Je me rabats donc sur une batterie « brute » (avec système de gestion de la charge / décharge intégré – BMS pour Battery Management System). Les batteries utilisent en fait des cellules Li-Ion 18650 3,6 V en plusieurs circuits mis en parallèle. Pour avoir du 36 V il faut donc 10 cellules en série, et dans le modèle choisi il y a 3 séries d’où le nom 10S3P (on a en tout 30 cellules). Trois séries 3400 mAh donnent donc environ 10 Ah en 36 V. J’ai quand même un gros doute sur la capacité, les cellules 3400 c’est du haut de gamme, je pense plutôt qu’il y a des 2600, si j’ai de la chance.

Liste de courses finale :

  • moteur BBS01 + accessoires et écran 500C – 375 €
  • batterie (soit-disant) 10Ah 10S3P – 140 €
  • plateau décalé 40 dents – 65 €
  • chaîne 118 maillons – 40 €

Un total de 620 € quand même.

Installation

Avec un peu de lecture et un peu de soin l’installation du moteur lui-même ne pose pas de problème. J’avais une inquiétude sur la taille du boîtier de pédalier mais finalement c’est impeccable. L’outil permettant de démonter mon ancien pédalier et serrer le moteur et son contre-écrou s’est révélé bien utile. Oui les vis chinoises rouillent (photo prise après quelques semaines d’utilisation)…

La fixation du capteur de vitesse est facile.

Pour router les différents fils j’ai pu utiliser les passe câbles et points de fixation existants pour faire quelque chose de propre. La seul verrue est l’ensemble de 3 connecteurs inutilisés (capteurs frein et accélérateur) qui traînent vers le guidon.

Seule modification irréversible : j’ai du supprimer une patte ISCG (fixation de guide chaîne) pour que le moteur passe.

Pour la batterie j’ai donc du fabriquer un support dans une tôle d’inox, rien de bien compliqué. Et bien sûr les connecteurs batterie et moteur étaient différents, j’ai acheté des ensembles XT60 qui semblent être très courants et je les ai soudé. Vous voyez bien l’espace limité par l’amortisseur, celui-ci basculant vers l’avant et donc se rapprochant encore en compression. La batterie est « protégée » à grands coups de duct tape 😀

Après un peu de travail d’intégration je suis arrivé à quelque chose de plutôt propre. A part quelques rislan de plus rien qui traîne.

J’ai décidé de ne pas poser l’accélérateur dont je ne vois pas trop l’intérêt, et pour l’instant je n’ai pas installé les capteurs de frein (on s’en passe facilement) et de changement de vitesse (à voir dans le temps, jusque là ne semble pas utile). Après quelques semaines d’utilisation je n’en vois toujours pas l’utilité.

Résultat assez discret non ?

Programmation

J’ai aussi acheté le câble qui permet de reprogrammer (reparamétrer) le contrôleur du moteur, il y a en effet beaucoup d’éléments configurables qui modifient drastiquement le comportement, c’est indispensable pour adapter le moteur à l’usage, dans mon cas assistance VTT. On peut par exemple définir les intensités et vitesses maximales des 9 niveaux d’assistance, jouer sur la rapidité de déclenchement et de coupure, ainsi que la réduction quand on approche de la vitesse cible.

Premiers essais

On parle donc d’usage VTT, voici le retour après 150 km (dont 3 sorties de 30 km et 800 de dénivelé environ plus des petits parcours).

Alors déjà on sent que le vélo est plus difficile à emmener, du fait du poids en plus, de la résistance supplémentaire (il faut faire tourner quelques pièces du moteur), et dans mon cas le passage du plateau de 32 à 40 est très sensible, heureusement que j’ai un pignon de 46. C’est simple, il faut accepter que dans les passages difficiles l’assistance sera nécessaire pour passer.

250 W c’est pas énorme, mais c’est ce que je dois développer en m’arrachant dans les bons jours, donc c’est quand même comme un deuxième moi qui pédale. A l’usage c’est suffisant pour monter du plus de 10% sans trop se faire mal. Attention ne comptez pas grimper aux murs avec cette puissance, il faut être sur le grand pignon et appuyer sur les pédales. Mais là ou j’aurais jeté l’éponge ça passe assez facilement, et c’est d’autant plus agréable en fin de balade quand la fatigue rend les côtes plus pentues 😉

J’ai opté pour 3 niveaux d’assistance, en gros 30% « donne moi un coup de pouce », 60% « pousse moi dans le dos » et 100% « pédale à ma place ». Le premier niveau donne l’aide nécessaire pour passer dans les endroit où je montais avec le 32, sauf que du coup je suis en 40 et ça va un peu plus vite.

Avec le Bafang qui n’a pas de capteur de couple c’est on / off, soit on pédale et ça assiste au niveau réglé, soit on ne pédale pas et ça n’assiste pas. On s’habitue rapidement mais du coup le système est basique, on joue pas mal avec les changements de niveau. Le petit 500C fonctionne bien pour cela, du pouce et sans déplacer la main gauche je me suis vite fait à l’utilisation des deux gros boutons.

Les informations affichées par les 500C sont d’ailleurs suffisantes, mais bon à part vérifier le niveau sélectionné et surveiller la charge de la batterie je ne lui demande pas grand chose. S’il pouvait afficher l’heure ce serait nickel 😉 Globalement c’est discret et je peux me concentrer sur le GPS 😀

Pour ce qui est de la batterie, étant donné que je limite l’assistance au strict minimum, je n’utilise même pas 50% sur une sortie 30 km / 800 D+. Je pense pouvoir faire assez sereinement du 50 km / 1200 D+ qui est un peu le max visé.

Conclusion

Pour l’instant ravi de mes choix. Reste à voir la fiabilité dans le temps (elle a l’air bonne). 250 W est suffisant pour mon usage, la batterie de 10 Ah (7 réel ?) aussi, le plateau décalé PreciAlps 40 dents est vraiment une bonne solution, l’écran 500C est discret et fonctionnel. J’aurais pu me passer du capteur de changement de vitesse.

Pas de problème de garde au sol même si ça a déjà touché légèrement, il faut dire que je ne suis pas un accro de descente technique.

Le résultat est atteint, mes balades sont passés de 15 à 30 km, sans souffrance excessive et sans peur de tester de nouveaux chemins ou m’engager au hasard  😀