Coutellerie – l’outillage

Pour faire du bon travail, il faut de bons outils.

La protection

Travailler le métal ça veut dire découper, limer, poncer, chauffer. Il faut donc un minimum de protection :

  • des lunettes dès qu’on utilise des outils électriques car ça va gicler
  • un masque filtrant car le ponçage de l’acier et du bois vont mettre dans l’air un paquet de particules qu’il vaut mieux éviter de respirer
  • une protection auditive (je préfère un casque antibruit) car certains procédés sont assez bruyants
  • des gants pour ne pas se rapper / bruler les doigts.

On ne porte pas tout tout le temps heureusement, mais il faut être raisonnable.

Attention aussi aux risques d’incendie, nettoyer régulièrement les poussières pour éviter d’avoir des foyers de démarrage, surtout quand on alterne découpe et ponçage d’acier et de bois.

Les outils

Je vais proposer pour chaque besoin trois options : économique (le moins cher mais le moins efficace), standard, et luxe (plus confortable si on a les moyens). Gardez en tête qu’on parle d’amateur.

Découpage des formes dans l’acier

Pour découper les platines de 1,2 mm, les plats de 2 ou 2,5 mm, voir les mitres de 4 mm.

Eco : scie à métaux

Standard : meuleuse et disques à tronçonner l’acier (mais produit pas mal de poussière)

Luxe : scie ruban avec lame acier – j’ai fini par craquer pour une Metabo BAS261, voir aussi la découpe des plaquettes

Réalisation des émoutures

L’émouture c’est le fait de biseauter la lame, c’est le plus gros du travail sur la partie acier.

Eco : limes acier (mais c’est long et faut des bras, et des jeux de bonnes limes c’est pas donné non plus)

Standard : tour à poncer, j’utilise un Metabo BS175

Luxe : backstand avec roues interchangeables pour réaliser plusieurs tailles de courbure

Découpage des plaquettes

Pour éviter d’enlever beaucoup de matière (synonyme d’usure des consommables, temps et poussière) il est plus intelligent de découper les plaquettes proches des formes définitives.

Eco : scie à main, par exemple à chantourner

Standard : scie sauteuse, mais attention cela a tendance à créer des éclats donc couper large

Luxe : scie à chantourner électrique ou scie ruban avec lame fine (qui sert aussi pour l’acier)

Perçage

Pour les axes ou les rivets il faut percer l’acier et les matériaux des plaquettes.

Eco : perceuse à main

Standard : perceuse colonne d’entrée de gamme (ou support pour perceuse)

Luxe : vraie perceuse colonne 😉

Et bien sur ne pas lésiner sur un bon jeu de forets et de mèches, en pratique il faut du 1,5, 2, 3 et 4 mm.

Petits travaux de précision

Avoir un petit outil rotatif (genre Dremel) s’avère très utile pour tout un tas de petits travaux, je l’utilise en particulier pour le polissage et pour fignoler le ponçage avec des roues à lamelles.

Maintien des pièces

Pour poncer le métal il faut le maintenir. Un bon vieil étau, éventuellement avec des mordaches ou tout simplement des cales en bois, fait bien l’affaire. Si l’étau a une petite enclume intégrée c’est pratique pour riveter au marteau.

Plusieurs serre-joints seront nécessaires, à la fois pour maintenir les pièces et pour les mettre en pression lors du collage.

Pas strictement du maintien mais avoir une plaque en acier bien droite (genre un morceau de 30 x 30 x 10 mm au moins) permet de poser des pièces très chaudes et d’avoir une référence.

Limes

Pour bien travailler l’acier il faut de bonne limes. Ne pas hésiter à y mettre un peu d’argent, car non seulement ce sera plus confortable mais le résultat sera aussi meilleur et obtenu plus rapidement.

Au minimum il faut un jeu de grande limes de grain moyen : une plate, une demi ronde, une triangle et une petite ronde.

Dès qu’on veut se lancer dans le guillochage il faut un ensemble de limes aiguilles avec au moins du plat, du rond, du triangle.

Petit marteau boule

Pour riveter (pliants principalement) un petit marteau (mais tout petit) avec une tête plate et une tête boule rend bien service.

Pinces de forge

Pour manipuler les bouts de métal à 1000 degrés sans mettre les mains dans le four il faut des pinces avec un manche assez long et une mâchoire droite et plate. Plusieurs stratégies sont envisageables, je me suis fabriqué les miennes avec des ronds d’acier, forgés pour le coup. On peut aussi faire avec de la soudure.

Les consommables

Bandes à poncer

Si vous passez par la case tour il faut des bandes. Les plus courantes sont les brunes au corindon et les bleues au zirconium, je les prends sur Le Bon Abrasif.

Je recommande les grains suivants :

  • 40 : pour le gros oeuvre, ne PAS utiliser pour l’émouture car trop agressif, on peut même s’en passer et utiliser du 80
  • 80 : pour le début d’émouture et détourer proprement
  • 120 : pour finir l’émouture
  • 180 : pour remettre un coup après trempe et pré-finition (faut pas rêver, ensuite c’est à la main).

Papier à poncer

Finir une lame, c’est du travail manuel dans tous les cas. J’utilise du papier à eau, acheté toujours sur Le Bon Abrasif en format feuille que je découpe. Les grains à avoir :

  • 180 : pour continuer là ou les bandes ou limes se sont arrêtées
  • 240 : pour effacer le 180
  • 400 : pour effacer le 240
  • 800 : devinez.

Normalement après un grain 800 on est prêt à polir.

J’utilise des petites cales en bois pour maintenir les bandes de papier, ou je les renforce au duct tape selon l’usage.

Roue et pâte à polir

Pour obtenir un fini miroir pas de secret, il faut un polissage avec roue à polir (frotte) et pâte (en barre). J’ai une roue à polir sur mon tour mais pour les petites lames l’outil rotatif avec des roues feutre convient très bien.

Colle

Et oui, on utilise de la colle pour les couteaux, plus précisément pour coller le manche sur la soie ou les plaquettes sur la pleine semelle ou sur les platines. En théorie, on pourrait simplement riveter, à l’ancienne. L’avantage est que ça se démonte (pas forcément facilement) au besoin, genre pour changer les plaquettes, mais en pratique ce besoin est vraiment rare.

La colle a deux gros avantages. Le premier, inavouable, est de remplir les interstices d’un ajustement qui n’est pas parfait. Le deuxième est d’assurer une étanchéité parfaite entre soie / semelle / platine et bois, ce qui est intéressant pour la longévité du couteau. En plus on n’a pas besoin de savoir riveter. Cela permet aussi de faire un manche sur soie sans aucun rivet.

La colle la plus utilisée semble être l’époxy (bi composants). Pratique, facilement dosable, prise progressive, se conserve longtemps et avec une attache très forte, c’est une colle idéale pour cet usage. Je fais confiance à l’Araldite standard (bleue) en tubes de 15 ml, de quoi faire une bonne dizaine de plates semelles.

Les fours

Même si on ne forge pas, il faut un four (voir même deux) pour le traitement thermique.

Pour le four de chauffe avant trempe rappelons qu’il faut atteindre et tenir 1050 degrés pour l’inox 14C28N.

Pour le recuit on parle de températures autour des 200 degrés.

L’idéal quand on ne fait que de la coutellerie est un four électrique à température contrôlée. On peut s’en fabriquer un avec des résistances, un contrôleur et une sonde et des briques spéciales. L’avantage est que la température est maîtrisée, ils ont une montée en température assez rapide et il y a très peu de décarbonation.

Je suis parti sur un four à torche propane, équipé d’une sonde de température, pour la trempe et complété d’un vieux four de cuisine pour le recuit. Avec le recul le four électrique me semble plus pertinent. Le four propane monte très vite en température, mais il faut le réguler à la main (avec une régulateur de pression de gaz) et la flamme est très oxydante, et il ne convient pas pour le recuit.

Bien sûr vues les températures on n’utilise pas des briques pour cheminées ou autres fours à pizza. On prend des briques pour four à poterie qui tiennent 1200 voir 1400 degrés. Pareil pour les sondes, c’est du type K (1370 degrés max).